Agriculteurs cherchent bon planpour la r Agriculteurs cherchent bon planpour la rentrée
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Des semis de colza dans la poussière en 2019, ceux de blé dans la boue, un hiver favorable aux ravageurs, puis la sécheresse et la canicule… Résultat : une moisson décevante, des prairies qui ressemblent à des paillassons ou encore des champs de betteraves ravagés par la jaunisse. Comme si cela ne suffisait pas, les tags injurieux se multiplient sur les murs des élevages, des antispécistes détruisent des cabanes de chasse, et l’association anti-élevage L214 pilote un référendum pour les animaux. Voilà une piètre récompense pour le monde agricole, lui qui a assuré sa vocation première pendant la crise du coronavirus : nourrir les Français.
Que fait le gouvernement face à cette situation ? Il sort de son escarcelle sa panoplie habituelle : l’autorisation d’exploiter les jachères qui arrive toujours trop tard, le report ou l’allégement de cotisations sociales, la majoration des avances sur les aides Pac versées en octobre… Mais sur le fond, que fait-il ? Des promesses qui laissent espérer aux agriculteurs qu’ils sont enfin entendus ? Comme quand Julien Denormandie promet une dérogation pour les betteraves concernant les néonicotinoïdes. Une dérogation que la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, semble elle aussi accepter, et justifier par les risques économiques qui pèsent sur la filière sucrière.
Car finalement, ce sont bien les risques financiers et la peur du chômage qui ont conduit le gouvernement à intervenir pour sauver les 46 000 emplois que représente ce secteur. Julien Denormandie l’a expliqué au micro de RTL. Dans ces conditions, comment croire qu’il s’intéresse aux difficultés des agriculteurs et soit prêt à les soutenir ? Surtout quand il écarte toute autre dérogation concernant les néonicotinoïdes, ou que sa collègue à la Transition écologique réaffirme : « Les phytos, il faut que l’on s’en passe. » Le gouvernement reste sur sa lancée, davantage préoccupé par ce que pensent les électeurs que par le sort des agriculteurs, surtout après le score des écologistes aux dernières élections.
Si c’est le poids économique des filières qui compte, les syndicats pourraient transmettre à Julien Denormandie l’étude coordonnée par l’Inra en 2015, selon laquelle l’élevage représentait 884 000 emplois dont près de 470 000 en dehors des exploitations. Voilà un chiffre qui mérite sans aucun doute d’apporter des outils aux agriculteurs face aux sécheresses à répétition (gestion de l’eau, assurance récolte…) ou aux attaques dont ils sont la cible, qu’ils soient éleveurs, céréaliers, polyculteurs… Monsieur le ministre, affirmer que « l’agriculture sera un élément fondamental du plan de relance » à la radio sur Europe 1, le 30 août, ne suffit plus. Il faut le prouver. Les agriculteurs ne se contenteront pas des miettes !
Note : cet édito a été écrit avant la présentation du plan de relance, prévue le 3 septembre 2020.
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